La course aux lapins [Etoile de l'Aube feat Mélodie du Silence]

Étoile de l'Aube regardait le camp avec tristesse en voyant combien le nombre de guerriers était réduit. Elle poussa un interminable soupir, et décida de se changer les idées. Elle sortit du camp, et marcha au hasard dans la lande, sentant avec délice le vent ébouriffant sa fourrure, et les longues herbes s'enrouler autour de ses pattes. Elle inspira à bloc l'air ambiant, avant de se mettre à courir d'un seul coup. Elle laissa la sensation de vitesse se frayer un chemin jusqu'à son cœur, et déclencha son pouvoir, courant plus vite que la lumière. Elle s'arrêta rapidement néanmoins, car des milliards de questions trottaient dans sa tête. D'où ses pouvoirs venaient-ils ? Etaient-ils dangereux ? Comment cela était-il arrivé ? Autant de questions sans réponses... Elle poussa un cri de frustration, avant de recommencer à courir, les larmes lui piquant les yeux. Elle était incapable de sauver son Clan. Elle ne méritait pas ses neufs vies. Personne ne s'en rendait donc compte ? Elle finit par ralentir légèrement, lorsqu'elle sentit l'odeur d'un lapin. Elle se tapit, et s'approcha furtivement de sa proie, qui sautait de ci de là. Elle se redressa brusquement. Le lapin, alerté, huma l'air, et partit d'un coup, comme une flèche. La meneuse eut un sourire goguenard. Elle lui laissa trois secondes d'avances, avant de bondir à sa suite. Elle ouvrit la bouche pour humer profondément l'odeur de sa proie, mélangée à sa peur. Elle rattrapa le lapin, qu'elle tua d'un puissant coup de crocs à la nuque. Elle le traina ensuite sous un rocher, et se remit en chasse, le pas plus léger.

L'avenir n'est peut-être pas aussi sombre qu'il n'y paraît...

Mélodie du Silence s'était levé à l'aube pour admirer le lever du soleil, oui, ce même astre qui avait provoqué une telle chaleur qu'elle avait tué toute sa famille et décimé une partie du Clan. Mais malgré cela, les levers de cet étoile meurtrière étaient toujours aussi beaux, éblouissants, le guerrier aimait comment elle baignait tout ce qui l'entourait d'une lumière dorée, comment la nature s'éveillait à l'arrivée de cette boule qui flambait au dessus de leur tête. Il s'était toujours demandé combien d'arbres il faudrait pour l'atteindre, sûrement beaucoup, et cet intouchabilité, ça ajoutait de la majesté à l'astre, quelque chose qui forçait l'admiration et les questions, comment quelque chose d'aussi loin pouvait-il les chauffer autant ? C'était un mystère pour le jeune guerrier.
Lorsque le soleil fut pleinement levé, le guerrier au pelage tigré se dressa sur ses pattes et décida de chasser, puisqu'il était là, autant ramener quelque chose à manger à ses camarades, ils en auraient besoin. C'est ainsi qu'il se mit en chasse, la truffe à l'air pour chercher toute odeur d'un lièvre ou d'un lapin, le vent lui porta la fumet d'une proie et il se mit en route vers elle, prenant garde à rester face au vent. Le matou trouva le léporidé en train de grignoter quelque chose, il décida de le laisser finir de manger, personne n'aimait être dérangé durant son repas, surtout quand on était affamé, c'était l'un des rares points d'herbes en bon état, et la proie méritait un dernier repas. A peine la proie eût-elle fini de manger que le guerrier bondit des fourrées et planta ses crocs dans la chair du cou de sa prise, il entendit la peur faire battre son cœur, alors il se dépêcha d'abréger ses souffrances.

La féline se remettait en chasse lorsqu'elle sentit l'odeur d'un de ses guerriers, Mélodie du Silence. Elle remonta sa piste, et l'observa un instant. C'est vrai qu'il était beau, ce guerrier... Elle secoua la tête et soupira. N'importe quoi ! Elle s'approcha de lui et s'exclama.
-Bonjour, je ne pensais pas voir un guerrier chasser ce matin !
Elle s'assit, en enroulant sa queue autour de ses pattes, et lui sourit.

Le matou ne sursauta pas, il se tourna vers la voix qui l'avait interpellé, il l'avait reconnu, c'était sa meneuse, Etoile de l'Aube. A l'instant même son visage s'illumina, il était toujours heureux de la voir, il aimait beaucoup la chanson de son coeur, elle était douce et entraînante.
Il s'approcha de la chatte et posa la proie à ses pattes.
-Salutations, Etoile de l'Aube. J'étais allé admirer le lever du soleil, et je ne pouvais pas rentrer sans amener quelque chose. Et toi, qu'est-ce qui t'amène ici ?

Etoile de l'Aube lui sourit, et réfléchit en un éclair. Pouvait-elle se confier à un de ses guerriers ? Elle pourrait perdre de son autorité sur son Clan. Mais, Mélodie du Silence était un félin discret non ? Il ne dirait rien..(?) Elle finit par soupirer, et se mit à faire les cent pas.

-Comme je te comprends ! J'adore regarder le soleil, même s'il est parfois bien cruel... Tu as bien fait, notre Clan a faim. Moi, je...

Elle s'arrêta, et regarda au loin, indécise. Elle finit par dire dans un souffle.

-Je ne supportait plus l'ambiance trop lourde du camp.

Elle finit par tourner la tête vers le matou, et l'observa, inquiète de sa réaction.

Mélodie du Silence perdit son sourire au fur et à mesure qu'il sentait les émotions de sa cheffe devenir confuses, puis inquiètes. Il fit un pas vers elle, et l'écouta sans l'interrompre, se contentant de l'observer marcher de droite à gauche. Finalement, il s'assit à ses côtés et posa sa queue sur son épaule, lui offrant un sourire réconfortant. Il voulait faire tout son possible pour qu'elle se sente mieux, pour que la chanson de son coeur qu'il aimait tant joue encore longtemps.
-C'est normal, le clan n'est pas encore bien remis de l'été. Mais désormais, nous avons reçus des cadeaux, ils sont déstabilisants, mais ils ne sont sûrement pas là pour rien. Bientôt, nous redeviendrons aussi forts qu'avant, ne t'en fais pas, ce n'est qu'une mauvaise passe.

Lorsque son guerrier posa sa queue sur son épaule, un long frisson la parcourut, et elle se blottit encore plus contre sa réconfortante épaule. Ce simple contact lui donnait envie de tout laisser tomber, juste pour être prêt de lui. Elle reprit soudain conscience et se concentra sur ses paroles.
-C'est normal, le clan n'est pas encore bien remis de l'été.
Il avait raison, bien sûr, mais cela était difficile à accepter. D'autant plus difficile qu'elle se sentait responsable -et coupable de cela.

- Mais désormais, nous avons reçus des cadeaux, ils sont déstabilisants, mais ils ne sont sûrement pas là pour rien.
Il avait, encore une fois, raison. Il fallait qu'elle réfléchisse sérieusement à tout cela... Quitte à aller à la pierre de lune s'il le fallait. Mais ce n'était ni le moment, ni le lieu pour y penser, et encore moins en parler.

-Bientôt, nous redeviendrons aussi forts qu'avant, ne t'en fais pas, ce n'est qu'une mauvaise passe.
Elle esquissa une ébauche de sourire. Oui, il avait raison. Le Clan du Vent ne serait jamais vaincu. Jamais. Elle en faisait le serment.

-Merci Mélodie du Silence.
Lorsqu'elle disait son nom, elle le disait avec une intensité nouvelle, indescriptible...

-Tu as, comme toujours, raison. Nous ne nous laisserons pas abattre. Jamais plus !
Un doux ronronnement sortit de sa gorge, et elle se surprit à rire. Décidément, ce matou savait lui parler ! Elle se tourna vers lui, et plongea ses yeux dans les siens.

-Merci... Du fond du cœur.

Elle lui lécha doucement la joue, légèrement craintive intérieurement, craignant sa réaction. Mais elle cacha sa peur au fond d'elle-même, et l'oublia.

Mélodie du Silence attend qu'elle lui réponde, restant attentif à ses émotions, et il sourit discrètement en entendant la chanson de son cœur rassuré, il avait réussi. Cette chanson devenait petit à petit plus forte, jusqu'à chasser la chanson de peur, et cela rempli le cœur du guerrier de joie. Quand la chatte se tourna vers lui, il lui sourit, heureux de l'avoir aidé, et soulagé qu'elle ne soit plus inquiète. C'était pour cela qu'il utilisait son pouvoir, pour rendre les gens heureux, pour servir son clan, certains avaient reçu un pouvoir pour combattre, d'autres pour la chasse, lui, il en avait reçu un qui lui donnait presque la mission de s'assurer que son clan soit heureux, et ça ne le gênait pas. il était honoré que le Clan des Etoiles l'ait choisi lui pour cette tâche, même si pour cela il a dû perdre sa famille, il sait qu'ils ne sont pas perdus, ils sont avec leurs ancêtres. Le guerrier fut sorti de sa pensée par un contact, celui de la langue de sa cheffe sur sa joue, au début, il était surpris, ne s'attendant pas au geste, mais il finit par sourire, un sourire encore plus grand que le précédent.
-Aucun problème, c'est normal. Tu pourras toujours venir me voir si tu as un soucis.

-Aucun problème, c'est normal. Tu pourras toujours venir me voir si tu as un soucis.
Elle sourit, touchée et soulagée. Elle hocha la tête avant de se lever d'un bond.

-Bon, on était pas sensés chasser au départ ?

Elle lui donna un amical coup de museau, et s’élança, sans son pouvoir cette fois-ci. Elle sentait l'air vif à plein poumons, et un rire d'allégresse enfla dans sa poitrine. Sa queue flottait en serpentant derrière elle, comme un étendard. Elle était libre.

Le guerrier regarde sa meneuse se lever, et accepte sa proposition d'un signe de tête, il se penche et commence à creuser un trou pour enterrer sa proie mais la chatte est déjà partie, ne pouvant cacher son sourire amusé, il se dépêche d'enterrer sa proie, puis s'élance à la suite de la chatte, heureux qu'elle soit heureuse. Le matou gris finit par la rattraper et court à ses côtés, profitant du vent dans sa fourrure, et de l'herbe sous ses pattes, elle était peut-être sèche, mais il savait qu'elle reverdirait, et que la prairie redeviendrait aussi belle qu'avant.

En entendant Mélodie du Silence la rattraper, elle sourit, et s’exclama.

-T'es plutôt rapide dis-moi ! Mais... Arriveras-tu à me suivre ?

Elle accéléra encore la cadence, son souffle pas le moins du monde affolé. Ses foulées se rallongèrent, et ses pattes devinrent flous. Cependant, si l'ont courrait assez vite, on pouvait encore la rattraper. Y arriverait-il ? Rien n'était moins sûr... Cependant, elle l’espérait de tout cœur. La bruyère lui battait les flancs, le vent faisait ondoyer son pelage et le soleil lui chauffait agréablement le poil. Cet instant était tout simplement parfait. Elle poussa un soupir d'aise, avant d'attendre de voir si Mélodie du Silence la rattraperais.

Le matou avait fermé les yeux un instant, mais il les ouvrit bien vite aux paroles de sa cheffe, il s'apprête à répondre mais elle accélère et le laisse presque dans la poussière. Tout d'abord surpris, il sourit avec tendresse et amusement, il n'était pas sûr de pouvoir la rattraper, mais autant essayer. Le matou accéléra le pas, essayant de revenir au niveau de la chatte, mais elle était beaucoup trop rapide. Ainsi, il ne pouvait pas q'approcher plus près qu'un saut de lapin, mais ce n'était pas très grave, il savait qu'elle était beaucoup plus rapide que lui, par contre, il ne pu s'empêcher de remarquer que ses pattes étaient devenues floues, il en fut étonné un instant, avant de réaliser que cela devait être son pouvoir, courir plus vite. Mais était-ce son maximum ? Pouvait-elle aller plus vite ? Est-ce qu'elle avait eu du mal à le maîtriser au début ? Sûrement, ce type de pouvoir pouvait être très dangereux, si l'on ne contrôlait pas ses pattes, on pouvait rentrer dans n'importe quel type d'obstacles, bien qu'il n'y en ait pas beaucoup ici, il restait des arbres et quelques rochers, sans parler du Chemin du Tonnerre. Un frisson parcourut son échine, il espérait que les monstres ne passeraient plus par là, au moins avant que les clans ne se remettent complètement de l'été.

La meneuse accéléra encore, sans même s'en rendre compte. Ce don était pour elle aussi naturel que respirer. Elle eut un rire quand elle se rendit compte qu'elle avait largement semée Mélodie du Silence, et amorça un long ralentissement. Elle parvint peu à peu à sa hauteur et s'exclama d'un ton taquin.

-Eh bien, mon gros, on est à la traine ?

Ses yeux pétillaient, et elle finit par s'arrêter complètement. Elle fixa un instant la fourrure grise de son guerrier, avant de s'exclamer.

-Nous devrions vraiment commencer à chasser là !

Mélodie du Silence fut sorti de ses pensées par sa cheffe, il ne s'en était même pas rendu compte, il aurait pu se prendre n'importe quoi dans le museau pendant ces quelques instants d'absence, heureusement, elle n'avait pas l'air de le remarquer. Le matou au poil gris ressentait sa joie, elle était heureuse, alors il lui sourit, heureux qu'elle soit heureuse. Il n'avait pas remarqué qu'elle l'avait dépassé, ni même qu'elle avait ralenti exprès pour se mettre à son niveau, ainsi, il ne fit pas de remarque à ce sujet. Il ralentit avec elle et s'arrêta, haletant, est-ce qu'ils avaient couru aussi longtemps ? Il se mit à haleter, ses poumons brûlaient, et il s'assit, une chose était sûre, Etoile de de l'Aube avait aussi une endurance accrue. Pourtant, malgré son essoufflement, il lui sourit et hocha la tête, ils étaient là pour chasser en premier lieu. Le guerrier reprit sa respiration, puis se releva, prêt à chasser pour son clan.
-Par où irons-nous ?

-Par où irons-nous ?

Elle sourit doucement, fière de ce guerrier pur et dur du Clan du Vent.
Elle porta son regard sur la lande. Humm... Où allez ? Vers le Roc de la Vigie ? Non. Trop près du camp. L'ancien terrier de blaireau ? Cet endroit lui fichait la chaire de poule... Et pourquoi ne pas retourner tout simplement là où elle avait cachée sa proie ? Le gibier avait dû revenir depuis le temps ! Elle hocha la tête et dit.

-Viens, suis-moi !

Et elle galopa vers le lieu de chasse qu'elle avait choisie.
En chemin -elle courait à l'allure de son guerrier, elle huma le doux parfum d'une proie, et s'arrêta sur le champ. Elle se mit face au vent, et s'approcha en rampant de sa proie, un jeune lapereau. Il faisait des bonds désordonnés par-ci par-là, et ne l'avait visiblement pas repérée. Elle s'approcha tant qu'elle crut un instant qu'il l'avait vue, mais il n'en était rien. Aussi, elle se leva, comme électrisée, et fonça sur le lapin, qui n'avait aucune chance. Elle l'attrapa par le cou, et lui mordit la colonne vertébral. Elle le garda dans la gueule, se releva, et fit signe de la queue à Mélodie du Silence de repartir.
Ils s’élancèrent...

Le matou au pelage gris attend patiemment que sa meneuse se décide, il la suivrait où elle le souhaiterait.
-Viens, suis moi !
A ces mots, il se prépara et bondit à la suite de la chatte, prenant garde à ne pas la perdre des yeux, il ne voulait pas vraiment la perdre tout court. Il huma l'air, cherchant le fumet d'une proie, il sentit celui d'un jeune lapereau, il semblait qu'Etoile de l'Aube aussi, elle s'arrêta, alors il fit de même. Puis il se tapis au sol, pas question de la déranger, de loin, il l'observe, il l'admire. Comment elle se dressait, face au vent, comment elle avançait tapie, aussi discrète qu'une lionne, aussi furtive qu'une ombre. Le matou tigré regardait comment sa meneuse, sa camarade, était concentrée sur sa proie, prête à bondir au moindre instant, comment elle s'arrêta, incertaine, avant de sauter sur le lapereau. Le cœur du guerrier fit un bond, et une grande chaleur se rependit en lui, il aimait tellement la voir comme ça, libre, indomptable, fière, heureuse. Il ne put contenir le léger ronronnement qui le quittait, pour la garder comme ça, heureuse, il ferait n'importe quoi.
Le signe de queue de sa cheffe l'alerta, il se releva et la suivit, s'élançant à nouveau à ses côtés dans la plaine, prêt à aller n'importe où du moment qu'il était avec elle.